samedi 14 février 2015

Le storytelling

Comme déjà évoqué dans un article précédent, nos réflexes de pensée sont parfois trompeurs, et peuvent biaiser notre réflexion rationnelle. Par exemple, lorsque je pose ma main sur une plaque chauffante qui est très chaude, un automatisme (un réflexe) me la fait retirer rapidement.
Notre pensée, par un mécanisme "réflexe", "invente" alors l'histoire suivante:
"La plaque était chaude, j'ai pris conscience de la brûlure et j'ai donc retiré ma main".
J'y vois, tout naturellement, un rapport de cause à effet: une prise de décision consciente liée à la douleur, suivi de l'action idoine. Mais le réflexe passe par le système nerveux (les nocicepteurs) et un premier influx nerveux rapide parcourt environ trente mètres par seconde (douleur aiguë et rapide), tandis qu'un second, plus lent, remonte à la vitesse d'environ un mètre par seconde vers le cortex préfrontal. Je ne vais pas détailler ces 2 circuits mais il est évident que le réflexe lié à la douleur va bien plus vite que la conscience de la douleur.  Au minimum, ces 2 influx sont totalement indépendants.

dimanche 18 janvier 2015

L'obscurantisme


En Amérique, un sondage Gallup de 2012 a révélé que 46% des américains pensent que l'homme a été créé tel quel par Dieu il y a moins de 10 000 ans.

A ces 46%, on peut ajouter les 32% d'américains qui pensent que Homo Sapiens est le magnifique aboutissement d'un processus d'évolution guidé par Dieu, ce qui fait 78% d'américains qui ne comprennent pas ou réfutent la théorie de l'évolution

La plupart des gens ont appris ce que fût le combat des Lumières face à l'obscurantisme religieux. Il est remarquable que ce n'est qu'en 1992 que l'église catholique a reconnu les erreurs de l'inquisition vis à vis de Galilée (tout en les minimisant au maximum, encore aujourd'hui).

lundi 12 janvier 2015

#JeSuisCharlie

Mourrir pour des idées (Georges Brassens) (cliquez pour écouter)

Mourir pour des idées,
L'idée est excellente.
Moi j'ai failli mourir
De ne l'avoir pas eu'
Car tous ceux qui l'avaient,
Multitude accablante,
En hurlant à la mort
Me sont tombés dessus.
Ils ont su me convaincre
Et ma muse insolente
Abjurant ses erreurs,
Se rallie à leur foi
Avec un soupçon de
Réserve toutefois:
Mourons pour des idées
D'accord,
Mais de mort lente,
D'accord
Mais de mort lente.

dimanche 11 janvier 2015

#JeSuisCharlie


L'obscurité ne peut pas chasser l'obscurité; seule la lumière le peut.
La haine ne peut pas chasser la haine; seul l'amour le peut.

(Martin Luther King Jr.)

samedi 27 décembre 2014

L'irréductibilité computationnelle

J'ai parlé dans un article précédent du jeu de la vie de John Conway.
Pour certaines formes périodiques connues du jeu de la vie (les vaisseaux, les oscillateurs etc.), on peut prévoir quelle sera leur évolution.

Mais pour certaines configurations initiales, on ne peut pas prévoir si la forme va finir par se stabiliser, osciller ou disparaître. Il est impossible de prévoir leur évolution. On ne sait pas dire si la configuration atteindra l'un ou l'autre de ces stades, ni si elle le fait, au bout de combien de générations. On peut démontrer que connaître l'évolution ultime des certaines configurations initiales fait partie de la catégorie des problèmes mathématiques indécidables: il n'existe aucun algorithme capable de prévoir si une configuration initiale va s'éteindre ou si elle va conserver des cellules indéfiniment.

vendredi 12 décembre 2014

La sous-détermination des modèles

Pour faire suite aux commentaires de Marc et Nicolas dans cet article concernant la modélisation, je voudrais attirer l'attention sur une difficulté fondamentale de la modélisation des systèmes naturels:
Il s'agit du problème de la sous-détermination des modèles par rapport aux données d'observation, c'est à dire la capacité pour plusieurs modèles d'expliquer les mêmes données.
Ce problème caractérise grandement tous les systèmes complexes, notamment biologiques et sociaux.

dimanche 16 novembre 2014

Le piège cognitif de l'induction

Lundi soir, pour les commémorations du 11 novembre, France 2 a passé des extraits de la vie de la célèbre scientifique Marie Curie. Dans l'un de ces extraits, on la voit aider un médecin à extraire la balle du corps d'un soldat en donnant des indications sur la position de la balle avec une photo où l'on voit la balle et le squelette à travers le corps du soldat.
Les rayons X et la radiographie ont été découverts en 1895 par Wilhelm Röntgen et la technique radiographique est donc relativement récente. A côté d'elle, un figurant, voyant les radiographies, s'exclame: "C'est magique!".
Ce à quoi l'actrice figurant Marie Curie répond: "Mieux! C'est scientifique!"
J'ai déjà évoqué le sujet dans l'introduction de la saison 2 de ce blog: La science a quelque chose de magique qui fait qu'on pourrait la croire infaillible. Pourtant, la connaissance scientifique recèle une faille logique peu connue, ou volontairement ignorée: l'induction.

samedi 15 novembre 2014

Préambule au prochain article - les lois scientifiques

Au 19ème siècle, on tenait la loi de la gravitation universelle de Newton pour certaine, car elle avait confirmé la plupart des faits pendant 300 ans. Aussi bénéficiait-elle d'une confiance quasi absolue jusqu'à sa remise en cause par la loi de la relativité générale d'Einstein qui est une théorie relativiste de la gravitation.

De même, le modèle de Kepler rendait presque parfaitement compte du mouvement des planètes et on le tenait pour certain jusqu'à sa remise en cause par Newton.
La différence en ce qui concerne la description des mouvements du système solaire ne réside que dans le fait que les lois de Kepler considèrent les masses des planètes comme négligeables par rapport à celle du soleil, ce qui est, la plupart du temps mais pas toujours, une bonne approximation.

dimanche 26 octobre 2014

C'est l'anniversaire du blog!

Demain, c'est l'anniversaire de Cécile (La Cécile qui est évoquée dans le premier article de ce blog), ce qui veut dire que c'est aussi quasiment l'anniversaire des un an ce blog.
J'ai publié en tout 41 articles.
Il est temps d'établir un petit bilan.

L'article le plus populaire a été "Les illusions cognitives" (1405 vues à ce jour)
Il est suivi de "Entre le cristal et la fumée"  (1060 vues à ce jour).
Mon article préféré (Même les sciences dures sont molles) ne vient qu'en 4ème position (624 vues) après "La cybernétique - la mémoire" (665 vues).
Je regrette un peu que "La machine molle" (mon dernier article) ne totalise que 29 vues (merci au 29 fidèles abonnés directement à ce blog), car, vous l'avez constaté, j'ai un faible pour la matière molle.

jeudi 16 octobre 2014

La machine molle

Parmi les nombreux cas de cécité théorique ayant émergé d'une théorie scientifique, il y en a peu qui m'agacent autant que celle du cerveau-machine. Ce paradigme présuppose que notre cerveau fonctionnerait comme une machine ou un ordinateur, avec ses centres de traitement spécialisés, ses bugs, son disque dur, sa mémoire haute-fidélité, sa mémoire flash etc. etc.
Ce paradigme mécaniste, renforcé par l'essor de l'informatique, s'est tellement imposé dans la société au cours des années, que j'ai peiné à ébaucher cet article qui tente de l'ébranler (tâche titanesque que je serais bien présomptueux de vouloir effectuer tout seul dans un article de blog évidemment, mais je ne serais pas mécontent d'ajouter mon grain de sable à ce rouage trop bien huilé). Que n'a-t-on pas entendu en 2011 lorsque Watson, l'ordinateur d'IBM, a remporté le jeu Jéopardy, rééditant ainsi l'exploit de Deep Blue lorsqu'il battit Gary Kasparov aux échecs. Les tenants du dogme du cerveau-machine nous expliquaient alors qu'on était à deux doigts de pouvoir simuler un cerveau sur un ordinateur, ce qui me semble être un cas flagrant d'hybris. Heureusement, je ne suis pas seul à être agacé par cette vision simpliste des choses et de nombreux articles hérétiques paraissent désormais dans des journaux scientifiques, y compris grand public (bien que le magazine "Pour la Science" vienne de publier son mensuel d'octobre sous le titre "décrypter le cerveau, comment la science y parviendra"...)

samedi 13 septembre 2014

L'émotion

Suivant la théorie de la sélection naturelle, un phénomène biologique à l'oeuvre chez un être vivant, devrait avoir une raison d'avoir été sélectionné par l'évolution. Or, on considère habituellement que l'émotion ne peut que perturber notre raisonnement et notre comportement. On exprime habituellement cette croyance par des expressions comme "faire preuve de sang-froid" ou "garder la tête froide", pour signifier qu'il faut laisser ses émotions de côté pour raisonner correctement. Si les émotions sont à l'origine de comportements inadaptés, pourquoi alors l'évolution aurait-elle laissé ce phénomène perdurer ? Et pourquoi se serait-il développé en premier lieu ?

jeudi 14 août 2014

Un fantôme dans la machine

Le dualisme cartésien, qui postulait que l'esprit est une entité distincte du corps, a alimenté le débat de la philosophie occidentale pendant près de quatre cents ans. Ce débat, encore vivement d'actualité en psychologie et dans les sciences cognitives en général, est connu aujourd'hui sous le nom anglais de "mind-body problem", et son objet est de comprendre les relations entre le corps (entité physique) et l'esprit (entité mentale).
En 1949, dans "The Concept of Mind", le philosophe Gilbert Ryle raille le dualisme cartésien qui décrit l'esprit comme un fantôme dans la machine, c'est à dire une entité séparée et "pure" qui habiterait notre cerveau et donnerait des ordres pour diriger notre corps.

dimanche 13 juillet 2014

Les illusions cognitives

Beaucoup d'entre nous, philosophes, scientifiques, penseurs, décideurs, hommes politiques, économistes, et tous ceux dont l'activité est essentiellement cérébrale (mais les autres aussi), croient à tort en la toute-puissance de notre esprit et se définissent volontiers comme "cartésiens" (voir au sujet de la toute-puissance de la raison l'introduction de la saison 2 de ce blog).

Il est vrai que la philosophie cartésienne influence la culture occidentale depuis plus de quatre siècles.

L'une des citations les plus connues du Discours de la méthode est celle où René Descartes déclare que "le bon sens est la chose du monde la mieux partagée" (1). Pour le philosophe, le "bon sens" signifie "la raison", qui serait "pure" et donc "vraie" ("les choses que nous concevons clairement et distinctement, sont toutes vraies", déclare-t-il)
Nous utilisons parfois cette citation sur le bon sens de manière détournée lorsque nous voulons imposer nos idées et faire taire les oppositions (qui n'a pas entendu l'expression "c'est une question de bon sens, voyons!", réduisant à néant toute velléité de débat). 
Il est donc grand temps de se pencher sur ce "bon sens" dont il est question.

samedi 14 juin 2014

Même les sciences dures sont molles

La persistance de la mémoire (1)
Dans cette série sur les biais cognitifs, je vais commencer par le pire qui soit dans les sciences et aussi l'un des plus néfastes pour la société: il s'agit d'un biais appelé "cécité théorique".

Nous adorons classer les choses de manière simpliste. Il y a les bons et les mauvais, la gauche et la droite, ce qui est bien et ce qui est mal, etc. 
En science, il y a les sciences dures et les sciences molles. On classe généralement les sciences conduisant à des prédictions déterministes dans la catégorie des sciences "dures", tandis qu'on classe les autres, celles dont les prédictions sont plus hasardeuses, probabilistes ou "à géométrie variable" dans la catégorie des sciences "molles".
En gros, les sciences "dures" seraient celles pour lesquelles on peut avoir des quasi-certitudes sur l'avenir alors que la complexité, le hasard et l'incertitude sont le propre des sciences "molles". 

mercredi 14 mai 2014

La saison II est arrivée !

Après la saison I, consacrée à la mystérieuse entropie, Agnostique démarre une nouvelle saison qui sera davantage tournée vers l'épineux (donc fractal) problème des limites de nos connaissances.

Cette nouvelle saison n'est pas sans lien avec la saison précédente, mais elle sera peut être plus philosophique, plus épistémologique et probablement plus polémique, car elle se veut radicalement iconoclaste.
J'essaierai d'y placer un maximum de mots incompréhensibles comme "iconoclaste" ou "épistémologique" afin d'illustrer le thème des limites de la connaissance. (Non je rigole, c'est juste que ça m'amuse et ça stimule la curiosité des lecteurs. J'ai mis des liens vers wikipedia pour les petits curieux)

samedi 3 mai 2014

Le café des sciences


Il y a quelques temps, j'ai découvert une association fantastique qui regroupe une communauté de bloggeurs qui traitent de sujets scientifiques. Cette association  s'appelle "Le café des sciences".
Je vous recommande chaudement leur site qui est un point d'entrée vers une multitude d'excellents blogs.
Parmi eux, mes préférés: