On pourrait donc dire que la raison (le pourquoi) ou la cause de la tuile, c'est le toit.
En suivant le même raisonnement, on pourrait dire que la cause de l’œuf, c'est la poule qu'elle va devenir et ainsi s'interroger sur le projet de celui qui a créé l'oeuf.
Mais, comme l'avait déjà noté Aristote, la logique impose que la cause doit précéder l'effet, au moins dans l'ordre chronologique (c'est à dire dans l'ordre temporel irréversible)
L'action de l'homme ayant le projet de construire un toit n'a donc pas de sens, puisque le toit vient après la tuile. La cause de la tuile ne peut donc pas être le futur toit...
On voit donc comment le finalisme prend totalement à contre-pied le concept du déterminisme classique ou une action est censée être l'effet pré-déterminé d'une cause initiale. (ce qu'Aristote appelle une cause efficiente)
On voit bien l'intention lorsqu'on reproduit une tuile puisqu'il s'agit de celle d'un être vivant extérieur à la tuile.
Evidemment, on a plus de mal à voir l'intention, dans l'émergence des êtres vivants et elle conduit tout droit au débat sur l'existence de Dieu.
Mais du point de vue scientifique, si on s'écarte un peu du débat sur l'existence de Dieu (qui reste affaire de croyance), on voit bien que le déterminisme physique n'explique pas pourquoi les êtres vivants semblent agir en fonction d'un projet, et non en fonction de séquences déterministes de causes et d'effets:
Des actions comme: Aller à la pêche, jouer au rugby, élever des vaches, chasser des souris, neutraliser des microbes (même des organismes aussi petits que des anticorps peuvent avoir un projet) etc. n'ont aucun sens si on croît au déterminisme (C'est à dire si l'on croît que l'univers est un grand jeu de billard dans lequel tout mouvement est l'effet d'une cause unique le précédant)
Si on abandonne l'hypothèse du déterminisme physique, il serait facile de conclure qu'une force inconnue, para-scientifique (un Dieu ?) guide les êtres vivants vers une finalité.
Or cette explication nous ramènerait à l'hypothèse du vitalisme, cette force censée faire agir les êtres vivants et pas les êtres inanimés...
Si les actions des êtres vivants sont le résultat d'un projet (futur) et non d'une cause (passée) et si l'expression "cause finale", qui semble s'appliquer à l'émergence, à la croissance et à l'évolution des êtres vivants, nous donne l'impression que le temps est inversé (c'est à dire que la cause succède à l'effet), cela peut s'expliquer par le fait que si la loi de croissance de l'entropie constitue la flèche du temps, une décroissance locale d'entropie peut nous apparaître (en tant qu'observateurs) comme allant en sens inverse de la flèche du temps....
C'est dans ce processus local de décroissance d'entropie que réside donc peut-être la clé du mystère de l'apparition de la vie...
Je n'ai pas de mot pour dire combien je jubile à lire ton texte.... Merci.
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